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prier celui-ci de répondre aux vœux de leur maître, sortirent en armes à sa rencontre pour l’assassiner ; mais ils furent tués eux-mêmes ; le premier, par le chef des gardes, le second, par un officier de celui qu’ils venaient attaquer.

Devenu maître du pays, Youen-Chao laissa à l’ancien gouverneur un titre militaire. Après avoir tranquillisé le peuple, il appela les gens de bien aux emplois, et confia l’administration de la province à quatre des siens (Tien-Fong, Tsou-Chéou, Hu-Yeou et Fong-Ky). Privé de son autorité, indigné contre Chao, Han-Fou quitta sa famille et son pays ; il monta à cheval et alla se réfugier près de Tchang-Miao, commandant du Tchin-Liéou. De son côté, Sun-Tsan ayant appris ce qui se passait, envoya son jeune frère (Sun-Youe) près du généralissime pour réclamer sa part de la province occupée. — « Qu’il vienne lui-même conférer avec moi sur cette affaire, » répondit Youen-Chao ; et comme Sun-Youe retournait porter cet ordre à son frère, à quelques lieues de là, il fut arrêté par une troupe de cavaliers qui le percèrent de flèches, en se faisant passer pour des soldats de Tong-Tcho. Les hommes de sa suite accoururent vers Sun-Tsan lui faire part de la trahison dont son frère avait été victime. — « Quoi ! s’écria celui-ci dans sa colère, on me dit de lever des troupes pour soumettre une province que l’on occupe, dont on distribue les emplois à mon insu, et voilà qu’on égorge mon frère en se couvrant du nom de notre ennemi ! et je ne me vengerais pas ! » Avec toutes ses troupes il partit pour saccager cette ville de Ky-Tchéou.

Averti de sa rébellion, Youen-Chao marcha contre lui. Les deux armées se rencontrèrent près du fleuve Pan-Ho ; celle de Tsan était rangée à l’ouest, l’autre à l’est du pont jeté sur la rivière. Le chef rebelle, à cheval aux abords de ce pont, adressa à son ancien général des reproches sanglants : il l’accusa d’avoir agi contre toute justice. Youen-Chao, resté sur la rive opposée, prétendait n’avoir pas mal acquis une ville qui s’était donnée à lui. — « Vous que naguères, dit enfin Sun-Tsan, on avait, à Lo-Yang, choisi pour chef d’une confédération, à cause de votre loyauté, de votre fidélité, vous n’êtes au fond