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soldats ; Sun-Kien se trouve cerné au fond d’un ravin par les trois commandants ennemis qui se réunissent.


III.[1]


Les trois amis[2] qui se sont associés à la fortune de Sun-Kien le dégagent de ce péril, et ils se fraient un chemin en semant la mort autour d’eux. Ses troupes étant réduites de plus de moitié, Sun-Kien profita de la nuit pour se jeter avec elles dans le Kiang-Tong (à l’est du fleuve Kiang) ; telle fut la cause de l’inimitié qui s’éleva entre Liéou-Piéou et Sun-Kien.

Lorsque Liéou, cessant de poursuivre le fugitif, écrivit à Youen-Chao, généralissime des confédérés, pour lui rendre compte de la manière dont il avait obéi à ses ordres, celui-ci, retiré dans le Ho-Neuy après tant de défections, voyait son armée manquer de vivres et de fourrages. Heureusement, Han-Fou (petit prince de Ky-Tchéou) lui envoya des provisions ; mais l’un des chefs, Fong-Ky, fit sentir à Youen-Chao combien il était inconvenant qu’un héros comme lui, désormais le premier dans l’Empire, le généralissime des confédérés, fût à la merci de ceux qui voulaient bien lui fournir des vivres. La province de Ky-Tchéou suffirait, par ses richesses et sa fertilité, à tous ses besoins ; que ne s’en emparait-il ? « Hélas ! répliqua Youen-Chao, je n’ai point encore de plan bien arrêté ! — Écoutez, répliqua Fong-Ky ; envoyez secrètement à Sun-Tsan l’ordre de s’emparer de ce pays si abondant ; promettez-lui, à tout hasard, de le seconder ; il marchera, j’en suis sûr. Han-Fou lui-même cédera volontiers au général la direction de la province ; c’est un pauvre homme sans moyens. Jetez-vous à la traverse, et voilà une conquête bien facile à faire. »

Le conseil plut à Youen-Chao ; de son côté Kong-Sun-Tsan, en recevant l’ordre d’occuper le Ky-Tchéou, se promit bien d’avoir sa part dans le résultat de l’entreprise, et il assembla

  1. Vol. I, liv. II, chap. III, p. 51 du texte chinois.
  2. On se rappelle ses quatre lieutenants, dont l’un, Tchong-Meou, lui avait sauvé la vie en se dévouant. Voir page 88.