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chargé d’arrêter Sun-Kien. Né au pays de Kao-Ping (dans le Chan-Yang), lié dès l’enfance avec les sept plus célèbres personnages de la fin des Han[1] (on les appelait les huit lettrés de Kiang-Hia), doué d’une haute taille, remarquable par la majesté de son visage, ce grand homme, arrière-petit-fils de Liéou-Ching de la famille régnante, était arrivé au grade où nous le trouvons parvenu. Trois assesseurs, Kouay-Lang, Kouay-Youe et Tsay-Mao, le secondaient dans les affaires de son gouvernement. Quand il reçut du généralissime, avec lequel il était uni par les liens de l’amitié, la lettre qui dénonçait la trahison de Sun-Kien, et lui enjoignait de l’arrêter dans sa fuite, Liéou envoya dix mille hommes sur sa route, aux ordres des deux derniers assesseurs que nous venons de nommer.

La petite armée de Sun-Kien approchait du chef-lieu, et bientôt il apprit de la bouche des deux commandants qui, à la tête de dix mille soldats, se préparaient à le combattre, la cause de cette rencontre menaçante. « Qui êtes-vous donc pour m’accuser ainsi ? » cria-t-il à ces généraux qui lui reprochaient son parjure ; un combat se livre entre l’un des lieutenants de Sun-Kien et Tsay-Mao. Ce dernier est blessé à l’épaule ; sa cuirasse se brise par la moitié ; il fuit ; Sun-Kien profite du succès pour rompre les ennemis qui l’arrêtent, et il entre sur le territoire de la ville qui lui fermait ses portes. Au soir, derrière la montagne, une troupe de soldats se démasque tout à coup ; leur chef s’avance, c’est Liéou-Piéou en personne. En vain Sun-Kien l’aborde poliment, le prie de ne pas croire aux paroles du généralissime ; en vain il répète le terrible serment prononcé déjà devant l’armée. « Si vous voulez que j’ajoute foi à vos paroles, répond Liéou-Piéou, laissez-moi fouiller vos bagages. » Mais Sun-Kien, loin d’y consentir, s’élance au galop en injuriant Liéou, qu’il accuse de le couvrir de mépris ; celui-ci recule, l’attire derrière la montagne où sont embusqués des

  1. Puisqu’ils sont célèbres dans l’histoire, il faut bien donner leurs noms ; les voici : Liéou-Piéou, lui-même (son surnom, King-Chen) ; Tchin-Tsiong (Tchong-Lin) ; Fan-Pang (Ming-Pou) ; Kong-Yo (Ky-Youen) ; Fan-Tchin (Tchong-Tchin) ; Tan-Fou (Wen-Yo) ; Tchang-Kien (Youen-Tsie) ; Tsen-Ky (Kong-Hiao).