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fidèle ardeur pour détruire les ennemis de la dynastie ; le même zèle a rassemblé les grands vassaux, et voilà qu’on ne suit pas mes plans ! Écoutez mon projet pour l’avenir : Vous, prince de Pou-Hay (titre honorifique de Youen-Chao), conduisez les gens du Ho-Neuy de l’autre côté du fleuve, et approchez-vous de Meng-Tsin ; les officiers du Soen-Tsao garderont le pays de Tching-Kéou, et s’établiront à Ngao-Tsang ; Ouan-Youen et Tay-Kou sont les deux principaux points de toute la contrée ; conservons-les. Vous, Chao, avec les troupes de Nan-Yang, occupez le Tan-Sy, et pénétrez dans le passage de Wou-Kouan, tenant ainsi en respect les trois districts de San-Fou ; c’est un pays de gorges et de collines ; retranchés là, au lieu de combattre, nous inquiéterons l’ennemi, et, en déployant ainsi notre puissance aux yeux du monde, en domptant les rebelles avec ceux qui sont fidèles aux lois, nous rétablirons la paix. Aujourd’hui l’esprit des soldats est ébranlé, il ne faut pas les mener au combat, car nous avons commis de grandes fautes à la face de tous, et j’en rougis pour les chefs de cette armée ! »

Les grands vassaux, les chefs et Youen-Chao lui-même ne répondirent rien ; pendant le banquet, Tsao-Tsao comprit que tous ils avaient des desseins particuliers, et qu’à cause de cela rien de grand ne pouvait être accompli. Il se retira donc avec ses troupes dans le Yang-Tchéou. De son côté Kong-Sun-Tsan disait à Hiuen-Té : « Youen-Chao est un homme sans moyens ; à la fin il y aura quelque révolution ; allons-nous-en dans nos districts, » et après avoir enlevé leurs tentes, ils prirent la route du nord. Arrivé à Ping-Youen, Sun-Tsan choisit Hiuen-Té pour gouverneur de la ville ; il lui confia l’administration du pays, et s’en alla lui-même du côté de Ty-Yang. Un autre chef, Liéou-Tay, marcha contre un des principaux généraux de la ligue, Kiao-Mao, qui ne lui avait pas rendu des vivres prêtés par lui ; il l’attaqua de nuit dans son camp, le tua et fit déposer les armes à ses soldats. La confédération était presque dissoute ; le généralissime, voyant ces défections, dut s’éloigner de Lo-Yang et se retirer à Kouan-Tong.

Mais revenons à Liéou-Piéou (gouverneur du Hing-Tchéou)