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Alors, prenant le Ciel à témoin de son innocence, Sun-Kien dit devant tous les grands vassaux assemblés : « Si j’ai en ma possession ce sceau précieux, et que je le garde pour moi, je veux mourir de la mort des traîtres, périr percé de flèches et de coups de poignards ! — Après un pareil serment sorti de votre bouche, répondirent les chefs ligués, nous croyons que le cachet des empereurs n’est pas entre vos mains ! »

Youen-Chao fait paraître le soldat qui a tout dévoilé. « Quand vous avez retiré le sceau du puits, dit le généralissime, cet homme n’était-il pas avec vous ? » Transporté de fureur, Sun-Kien se jette sur le transfuge pour lui trancher la tête. « En tuant un soldat, dit Chao, vous usurpez mes droits ! » Et, le sabre en main, il allait décapiter Sun-Kien lui-même, qui le menaçait à son tour. Deux généraux s’avancent derrière le chef de la confédération, et les trois fidèles compagnons du parjure (ses trois lieutenants, Tching-Pou, Hwang-Kay et Han-Tang qui ont si bien combattu à ses côtés) sortent du milieu de l’assemblée ; leurs cimeterres brillent, mais tous les grands vassaux se mettent entre eux pour empêcher l’effusion du sang. « Après avoir juré d’être unis, après avoir teint leurs lèvres du sang de la même victime, après avoir ainsi scellé le lien de fidélité qui leur a fait prendre les armes, iraient-ils se dévorer les uns les autres ? »

À ces mots les chefs irrités se séparent ; Sun-Kien monte à cheval, emmène ses soldats et s’éloigne de Lo-Yang. « Il emporte le cachet impérial, s’écria le généralissime en colère, quand il le vit partir ; il veut être le premier parmi les vassaux ! ordonnons à Liéou-Piéou (gouverneur de Hing-Tchéou) de l’arrêter au passage ; envoyons-lui, par des hommes dévoués, l’injonction de barrer la route à ce parjure ! »

Au même instant on annonça dans le camp des confédérés la défaite essuyée par Tsao-Tsao dans sa poursuite imprudente ; le généralissime envoya des hommes au-devant de lui, et, dans un grand banquet, auquel se réunirent les seigneurs de l’armée, les deux amis se firent part de leurs chagrins.

« Au commencement, dit Tsao, nous étions pleins d’une