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bien arrêté, il défendit, sous peine de mort, à ses soldats de rien faire connaître de ce qui s’était passé ; mais il y en eut un qui s’esquiva la nuit par dessus les retranchements et alla tout dévoiler à Youen-Chao. Ce traître était un militaire qui n’avait point de raison pour espérer de l’avancement, un soldat né au même village que le généralissime ; celui-ci le récompense, le cache près de lui, et le lendemain, lorsque Sun-Kien vient demander la permission de se retirer pour se rétablir de ses fatigues. « Je connais parfaitement votre maladie, lui répondit-il, c’est que vous avez détourné le sceau impérial ! »

Sun-Kien pâlit, veut s’excuser… Youen-Chao l’accable de reproches. « Aujourd’hui il s’agit de grandes choses, lui dit-il ; des soldats sont sous vos ordres pour châtier les rebelles au nom du prince légitime ; ce sceau, c’est celui de l’empereur ! si vous le possédez, déposez-le, devant tous les seigneurs assemblés, entre les mains du chef de la confédération. Après qu’on aura tué Tong-Tcho, nous le restituerons au souverain ; mais le dérober ainsi dans une retraite clandestine, c’est méditer une rébellion ! » En vain Sun-Kien essaie de nier ; Youen-Chao lui fait voir qu’il sait tout. « Je ne possède pas ce sceau, reprit enfin le général infidèle, et si vous le demandez avec tant d’instances, c’est que vous songez à tourner vos armes contre l’empereur ! — Montrez-le, s’écria Youen-Chao, donnez-le vite, si vous voulez éviter de bien grands malheurs ! »

    l’usurpation de Wang-Mang (neuvième année de J.-C.), l’impératrice Youen-Yeou en frappa Wang-Tsun-Sou-Tien ; de là, ce petit morceau brisé et remplacé par de l’or. Plus tard, Kwang-Wou-Ty, régénérateur de la dynastie régnante, en recouvra la possession, et le transmit à ses fils ; il se conserva dans la famille des Han jusqu’au prince régnant.

    Pien-Ho habitait au pied du mont King-Chan, au royaume de Tsou. Cette pierre, trouvée par hasard, il la donna au roi Ly-Wang, qui la montra à un joaillier ; celui-ci répondit : « C’est une pierre ; » on tint Pien-Ho pour un imposteur, et on lui coupa le pied gauche. Quand Wou-Wang monta sur le trône, Pien-Ho lui apporta cette même pierre, et le joaillier dit encore : « C’est une pierre ; » on tint Pien-Ho pour un imposteur, et on lui coupa le pied droit. Quand Wen-Wang monta sur le trône, le pauvre supplicié remporta cette pierre au pied du mont King-Chan, et là il pleura trois jours et trois nuits ; il pleura tant, qu’il répandit des larmes de sang. Wen-Wang en fut informé, et il envoya vers le vieillard des gens qui lui dirent : « Dans l’Empire, il y a bien des hommes à qui l’on a coupé les pieds ; pourquoi vous lamentez-vous donc ainsi ? » Le joaillier alors ouvrit cette pierre ; il y trouva le jade ; voilà pourquoi en appelle ce jade : pierre précieuse de Pien-Ho.