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se chargent ; et bientôt après avoir renversé son adversaire d’un coup de lance, Tun sème le désordre et la mort dans les rangs de cette division privée de son chef.

Trois autres officiers du corps de Tsao-Tsao (Tsao-Jin, Ly-Tien et Yo-Tsin) paraissent aussi sur le lieu du combat avec leurs troupes : à peine l’ont-ils aperçu qu’ils se rassemblent autour de lui, heureux de l’avoir trouvé, et affligé de sa blessure. Cinq cents cavaliers environ se sont ralliés à Tsao ; il monte à cheval et rentre dans la province du Ho-Neuy (en dedans du fleuve) ; là, il rassemble les siens, impatient de venger cette défaite.

Pendant la retraite de Tong-Tcho (que Tsao a seul poursuivi avec sa division), les chefs ligués campèrent au milieu des débris de la capitale incendiée. Après avoir préservé des flammes l’intérieur du palais, Sun-Kien s’était établi sur l’emplacement qu’occupait la partie appelée Kien-Tchang-Tien, et il avait ordonné à ses soldats de déblayer ces amas de briques et de pierres brisées. Comme aussi les tombeaux avaient été ouverts et violés par Tong-Tcho et par les siens, il les fit refermer et éleva sur les ruines du temple des Ancêtres une maison de paille à trois salles dans laquelle il invita les confédérés à offrir aux mânes des empereurs un bœuf et un mouton en sacrifice. Après la cérémonie, Sun-Kien revint à son camp ; cette même nuit, la lune brillait, une brise caressante traversait les airs ; le général prend son sabre et va s’asseoir sur les degrés du palais en ruines ; les yeux tournés vers le firmament, il regarde et voit en face de l’étoile polaire une vapeur blanche qui couvre la lumière de l’astre. « L’étoile des empereurs a pâli ! se dit Kien en soupirant ; un ministre pervers a mis l’anarchie dans l’Empire ; le peuple a péri dans des calamités, comme s’il eût été attaqué par l’eau et par le feu ; dans la capitale il règne un silence de mort ! » Et il versait des larmes abondantes en parlant ainsi, quand un soldat placé à ses côtés lui fit remarquer une petite lumière étincelante, qui s’élevait du milieu d’un puits, dans la partie méridionale du palais en ruines. Kien fait allumer un flambeau, et dit au soldat de descendre dans la citerne, en y promenant sa lumière.