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tassins, saute à bas de son cheval ; mais, tandis qu’il aide Tsao à monter à sa place, ce général, que sa blessure fait souffrir, tombe à terre évanoui.

En revenant à lui, il reconnaît qu’il doit la vie à un de ses parents, à Tsao-Hong, qui servait dans sa division. « Je vais mourir ici, lui dit-il, mais vous, fuyez. — Restez à cheval, répond Tsao-Hong, je veux aller à pied. — Mais les brigands vont nous poursuivre, et qu’allez-vous devenir ? — L’Empire peut se passer de moi, répliqua Tsao-Hong, mais non d’un homme comme vous ! — Si je me sauve, je vous devrai la vie, » ajouta Tsao-Tsao. Déjà Hong a ôté sa cuirasse ; le sabre sur l’épaule, il suit le cheval en courant à pied. À la quatrième veille d’autres cris se font entendre derrière les fugitifs ; des cavaliers sont sur leurs traces, ils hâtent le pas. Devant eux se présente un fleuve large et profond ; derrière eux l’ennemi s’approche. « Ma dernière heure est venue, s’écrie Tsao ; je n’échapperai pas ! — Descendez de cheval, répond Hong ; débarrassez-vous de votre armure, et je vous ferai traverser le fleuve sur mes épaules. »


II.[1]


Ils passèrent ainsi ; dès qu’ils gravissent la rive opposée, les soldats, arrivés sur le bord qu’ils viennent de quitter, lancent des flèches au-delà de la rivière qui les arrête à leur tour ; Tsao, tout mouillé, fuit encore. Quand le jour parut, ils avaient fait deux lieues ; à peine ont-ils pris quelque repos au pied d’un monticule, que de nouveaux cris arrivent jusqu’à eux. C’étaient le commandant de Yng-Yang et les siens qui recommençaient la poursuite, après avoir traversé le fleuve plus près de sa source. Par bonheur aussi, les deux chefs alliés, Heou-Youen et Heou-Tun arrivent avec quelques cavaliers : « Ne tue pas notre général, » crient-ils au commandant ennemi ! Celui-ci prend la fuite ; Heou-Tun s’élance sur ses pas ; ils se heurtent,

  1. Vol. I, livre II, chap. II, p. 17 du texte chinois.