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paix, en assurant à son tour le principe d’hérédité. Dans sa volumineuse chronique, l’auteur, fidèle aux traditions de sa patrie, soutient jusqu’au bout les droits du prétendant ; puis, lorsque la force a triomphé, lorsque a cessé l’anarchie, il reconnaît et proclame ce que les siècles ont consacré avant lui.

Pour bien comprendre, dans son ensemble, cette histoire développée avec tant de détails, il faut, mentalement au moins, la diviser en plusieurs parties. Lorsque Han-Ling-Ty fut appelé au trône, à l’âge de douze ans, deux puissantes factions se disputaient le pouvoir. Les lettrés, qui représentaient la tradition, luttaient contre le favoritisme, personnifié dans les eunuques. Ceux-ci étaient parvenus à faire exiler ou exclure des emplois publics leurs rivaux, qu’on surnommait les académiciens, et qu’on accusait d’association secrète. L’impératrice régente sentit la nécessité de s’entourer d’hommes recommandables et instruits, qui pussent protéger et guider l’enfance de son fils ; elle choisit, pour gouverneur de l’empire, un mandarin civil, tuteur du jeune roi, et deux généraux. Ces trois personnages « songeaient, dit le père Mailla, à rétablir l’ancien gouvernement, altéré par les désordres qui s’y étaient introduits ; pour y parvenir, ils firent donner les places les plus importantes aux académiciens les plus éclairés. » Cette ligue anima les eunuques à ressaisir l’autorité qui allait leur échapper ; ils en formèrent une de leur côté, à laquelle s’associèrent la nourrice de l’empereur et les filles du palais. À force de faire jouer dans le harem les ressorts de l’intrigue la mieux ourdie, ils surent se placer de façon à tenir en échec leurs ennemis devenus trop puissants. Plus que jamais,