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riant ; et déjà Tsao arrivait dans le chemin, suivi de son armée. Liu-Pou l’attend et ils se provoquent par des injures, préludes ordinaires des combats. « Brigand, criait Tsao, tu arraches l’empereur à son palais, le peuple à ses foyers ; tu fuis nos coups ! — Homme lâche et pusillanime, répondit Liu-Pou, tu tournes le dos à ton maître, voilà ce que tu fais de bien ! »

Tout à coup l’un des seigneurs confédérés court sur Liu-Pou au galop, la lance en arrêt ; celui-ci vient à sa rencontre, et à peine ils ont croisé le fer que Ly-Kio, avec toutes ses forces, attaque en flanc. Tsao appelle un second général à la tête des siens, et vers l’ouest des cris de guerre se font entendre ; c’est l’autre lieutenant de Tong-Tcho, c’est Kouo-Tsé qui arrive ; déjà Tsao lui oppose une autre division aux ordres de Tsao-Jin ; mais ces trois corps d’armée ne peuvent faire reculer les trois corps ennemis. Liu-Pou décide encore de la victoire ; Tsao essuie une grande défaite qui l’oblige à se replier sur la ville de Yng-Yang ; c’est à peine si sur tous ses soldats qui fuyaient pour échapper à la mort, il en rassemble trois ou quatre mille. Heureusement Liu-Pou s’abstenant de le poursuivre, il réunit sa petite troupe au coin d’une montagne déserte où elle peut respirer et prendre quelque nourriture.

Vers la deuxième veille, la lune éclairait comme s’il eût fait jour ; les soldats mangeaient encore, quand des cris tumultueux retentissent tout autour de la montagne ; c’étaient le commandant de Yng-Yang (rallié à Tong-Tcho) et les siens qui sortaient de leur embuscade. Tsao monte précipitamment à cheval ; se jetant au galop dans les sentiers de la montagne, il se trouve en face du chef ennemi, qui lui lance une flèche et l’atteint à l’épaule ; alors il se sauve avec le trait dans la blessure et gravit une colline couverte d’herbes. Dans cette herbe, à droite et à gauche, sont cachés les soldats de la ville ; dès que le cheval paraît, deux lances se dressent et l’animal tombe mort ; renversé lui-même, Tsao est saisi par deux soldats qui l’entraînent au bas de la colline. À la clarté de la lune un cavalier reconnaît Tsao ; de deux coups de sabre il tue les deux fan-