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« Traître et rebelle ! » Et par milliers on les décapita hors des murs. Les femmes, les enfants, ainsi que les richesses des suppliciés furent distribués aux soldats.

Deux officiers, Kouo-Tsé et Ly-Kio (qui jouèrent plus tard un si grand rôle), chassaient devant eux, vers Tchang-Ngan, l’immense population de la capitale : il y avait une compagnie de soldats par troupe d’émigrants, et la foule ainsi pressée s’en allait comblant de morts les profondes vallées. Les soldats traitaient les femmes et les filles avec la dernière brutalité et arrachaient aux hommes leurs provisions. Les cadavres de ceux qui avaient péri par la famine couvraient la plaine. C’était un concert de larmes et de gémissements à émouvoir le ciel et la terre. Il ne fallait pas rester en arrière, car un corps de trois mille soldats, l’épée nue, fermait la marche et massacrait les traînards.

Au moment du départ, Tong-Tcho incendia les portes de la ville, les maisons des habitants ; quand le jeune empereur et les femmes furent montés sur leurs chars, il fit mettre aussi le feu au temple des Ancêtres et au palais des souverains ; les deux harems du nord et du sud, le palais de Tchang-Lo, tout fut consumé jusqu’aux fondements. Déjà Liu-Pou était allé, par ordre de Tong-Tcho, fouiller les sépultures des empereurs et des princesses, en extraire l’or et les pierreries, tandis que les soldats, profitant de ces exemples, violaient celles des mandarins et des particuliers : aucun tombeau ne fut respecté. Les perles, l’or, les étoffes de soie, les étoffes peintes, toutes les choses de quelque valeur, Tong-Tcho les fit charger sur un millier de chars et se dirigea vers Tchang-Ngan avec son butin.

Pendant ce temps, l’un de ses généraux, Tchao-Tsin, livra (ainsi qu’il l’avait promis) le passage de Ky-Chouy aux confédérés ; Sun-Kien y poussa ses soldats, tandis que Hiuen-Té et ses deux compagnons enlevaient de vive force celui de Hou-Méou ; les seigneurs ligués entrèrent après eux, successivement, avec leurs divisions. Le premier dans la ville, Sun-Kien s’avançait au galop, quand il voit les tourbillons de flamme s’élever jusqu’au ciel, et la fumée couvrir la terre. À dix milles, à vingt milles à