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empereurs (de Kao-Tsou à Kwang-Wou), appartenant à cette dynastie des Han, avaient régné heureux à Tchang-Ngan ; puis douze autres, de Kwang-Wou à Hien-Ty (prince régnant), avaient habité Lo-Yang ; cette succession d’empereurs, cette révolution d’années ainsi égalisées, Tong-Tcho, en se retirant à Tchang-Ngan, évitait tout péril prochain, c’est-à-dire recommençait une nouvelle série de princes auxquels était promis un avenir prospère. Il remercia donc Ly-Jou de lui avoir expliqué le sens de ces paroles qu’il n’avait pas comprises, et revint en hâte à Lo-Yang avec Liu-Pou pour régler dans le conseil cette grande question.

Là, devant les mandarins civils et militaires assemblés dans la salle d’audience, il annonça que la veine de bonheur dont, pendant deux cents ans, avaient joui les Han dans l’est, étant épuisée, il voulait la renouveler en transférant la cour dans l’ouest. « Je veux donc, disait-il, prier l’empereur de se mettre en route ; préparez tout pour le départ. — Après de grandes pertes éprouvées à la défense des passages, objecta le général de l’infanterie, Yang-Piéou, nous allons, sans motif, abandonner les temples des Aïeux, les sépultures de nos empereurs. J’ai peur que le peuple, agité par l’inquiétude, ne se soulève ; il est facile de l’exciter, mais difficile de le calmer ensuite ; j’espère que Votre Excellence réfléchira ! »

Mais Tong-Tcho, dans sa colère, accusa le mandarin d’entraver la marche des grandes affaires de l’État. « Ce qu’a dit le général de l’infanterie est juste, « répliqua le commandant des gardes Hwang-Ouan. Après avoir rappelé les désastres que causa l’incendie de Tchang-Ngan (par les Keng-Ky et les Tchy-Mei, l’an 23 de l’ère chrétienne), lors de l’usurpation de Wang-Mang ; après avoir fait allusion à cette époque où la capitale était restée un amas de ruines, où, sur cent personnes, une ou deux seulement avaient pu se sauver, il ajouta que, quitter la cour pour habiter un pareil désert, ce serait une folie !

« Non, répondit Tong-Tcho ; à l’est des passages, il y a des rebelles, des troubles qui agitent l’Empire. Dans la capitale de l’ouest (à Tchang-Ngan) on est protégé par les défilés Hiao et