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se remettre avec Sun-Kien, il fit décapiter l’homme qui lui avait donné ce conseil.

Ils buvaient donc ensemble, quand on vint dire à Sun-Kien que deux cavaliers, arrivés au camp, désiraient lui parler. Sun-Kien prend congé de Youen-Chu. C’était Ly-Kio, l’un des favoris de Tong-Tcho, qui venait de la part de son maître. « Le premier ministre, dit-il à Sun-Kien[1], plein d’estime pour vous, est attristé du chagrin qu’a pu vous causer la défaite essuyée à Ky-Chouy. Il voudrait vous attacher à lui par des liens de parenté : il s’agit donc de marier sa propre fille avec votre fils aîné ; vos autres fils, vos jeunes frères ne seront pas oubliés ; chacun d’eux aura le gouvernement d’un canton. Donnez vous-même leurs noms ; le premier ministre veut étendre les récompenses à tous ceux qui les méritent. » Mais Sun-Kien l’interrompit avec colère en se répandant en injures contre Tong-Tcho. « C’est un rebelle qui viole les lois divines, qui usurpe la puissance impériale. Je voudrais exterminer sa famille, ajouta-t-il, et que la tête du tyran, coupée de ma main, fut promenée dans tout l’Empire pour réjouir le peuple. Si je ne puis réussir dans ce dessein, j’accepte la mort sans regret… Et je pourrais me lier ainsi avec les pervers ! Je ne vous fais pas décapiter vous-même, mais allez vite me livrer le passage que vous gardez : à cette condition, je vous laisse la vie sauve, et ne me trompez pas, car vous seriez coupé en morceaux ! »

L’envoyé s’esquiva furtivement sa tête dans ses deux mains ; et Tong-Tcho, fort irrité du mauvais succès de sa mission, consulta Ly-Jou : ce dernier fut d’avis de ramener les troupes à Lo-Yang : la défaite de Liu-Pou les avait découragées. Il valait mieux transférer l’empereur à Tchang-Ngan, pour accomplir les paroles énigmatiques prononcées vers ce même temps par un jeune garçon qui disait en chantant par la ville : « À l’ouest un Han, à l’est un autre Han ! le cerf s’est enfui dans Tchang-Ngan, aucun danger prochain ne l’y menace. » Le sens de ces paroles, que Ly-Jou rapportait à Tong-Tcho, était que douze

  1. Voir livre I, page 87.