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réunisse les dix-huit divisions ; ce n’est pas trop pour abattre un si puissant ennemi, et une fois Liu-Pou renversé, on aura bon marché de Tong-Tcho.

Liu-Pou s’est avancé ; on l’annonce aux confédérés qui délibèrent, et Chao leur crie de marcher. Cette fois c’est Kong-Tsan qui veut se mesurer avec lui, mais bientôt il est en fuite ; son adversaire le poursuit avec son cheval célèbre, qui semble avoir des ailes. Tsan est serré de près ; l’ennemi cherche à le frapper, quand une voix l’arrête ; c’est Tchang-Fey, le frère adoptif de Hiuen-Té, qui le provoque à son tour, et il abandonne Tsan pour charger ce nouvel adversaire. En se préparant à la lutte, Fey a la majesté d’un esprit céleste ; il s’y précipite avec joie. Durant ce combat singulier, les grands vassaux se retirent pêle-mêle ; l’un rassemble toutes ses forces ; l’autre jette un cri de colère ; le chef au grand cimeterre recourbé, Kouan, arrive au galop en brandissant son énorme glaive, il veut avoir sa part de la victoire ; les trois chevaux se rencontrent ; trente assauts ne font pas reculer Liu-Pou.

Hiuen-Té les a vus ; c’est une occasion qu’il doit saisir ; il s’élance sur son cheval aux crins jaunes ; mais, pareil à un phare tournant, Liu-Pou, cerné de trois côtés, lance le feu tout autour de lui. Les huit divisions l’assaillent à la fois ; incapable de faire face à cette triple attaque, il veut frapper Hiuen-Té, qui évite le coup, et, profitant de ce mouvement fait en arrière par son adversaire, Liu-Pou s’esquive à son tour.

Il fuit ; les trois chefs s’acharnent sur ses pas ; l’armée entière pousse de grands cris ; la mêlée s’engage ; Liu-Pou trouve enfin un asile au milieu du passage que défendent ses troupes, mais Hiuen-Té va l’y attendre ; arrivé là, Fey regarde et voit au-dessus de lui un parasol de soie bleue ; c’est Tong-Tcho ; s’il pouvait tuer le premier ministre lui-même, ce serait couper le mal à sa racine ; il fouette son cheval et veut tenter de se rendre maître de la personne de l’usurpateur[1].

  1. Ce chapitre a été abrégé, ainsi que la fin du précédent.