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Liu-Pou, retranché au-delà du passage. Déjà, à la nouvelle de leur approche Liu-Pou s’était dirigé en avant avec trois milles lances, et Wang-Kwang, suivi des cavaliers de sa division, se rangeait en bataille.

Alors parut, devant ce dernier, Liu-Pou, à la tête de ses escadrons ; sur la tête, il a un bonnet à trois glands ; il porte une tunique brodée de mille couleurs, teinte en rouge, faite au pays de Sy-Tchouen. Sa cuirasse est une cotte de mailles ; sa ceinture aux nuances brillantes est faite de la peau luisante d’un lion ; l’étui qui renferme le carquois s’ajuste à son côté ; il tient à la main sa lance redoutée ; il monte le cheval rouge, prix de sa trahison ; cet animal est parmi ses semblables, ce qu’est son maître parmi les hommes : l’un et l’autre sont uniques dans l’Empire. Le héros fait caracoler son coursier. À sa vue, Wang se trouble. « Qui veut attaquer ? » crie-t-il aux siens en se retournant vers ses escadrons. Un officier se présente, mais après avoir lutté cinq fois il tombe mort. Wang-Kwang rentre dans les lignes, et bientôt il est réduit à fuir en désordre avec ses troupes, que Liu-Pou traverse comme une ligne fictive de combattants. Une seconde division se présente ; le vainqueur se retire enfin. De part et d’autre on abandonne le champ de bataille ; les soldats de la ligue, trois fois battus, viennent camper à trois milles en arrière.

Cependant les huit grands vassaux arrivent avec leurs forces combinées ; que feront-ils ? personne ne peut tenir tête à Liu-Pou. Ils se retranchent séparément en huit camps distincts, suivis de leurs armées respectives, mais déjà on leur annonce que le redoutable ennemi demande le combat. Liu-Pou agite sa bannière comme un appel à ses soldats ; à la tête d’une poignée d’hommes, il vole à l’attaque. Deux chefs assez hardis pour lui présenter le combat tombent sous ses coups. Les princes ligués sont dans la consternation. Un troisième, Ngan-Kouey, se présente en brandissant une lourde masse d’armes, mais Liu-Pou lui coupe le poignet ; la masse échappe de ses mains et il s’enfuit.

Tous les généraux alors s’ébranlent pour voler à son secours, et le vainqueur retourne vers les siens. Tsao est d’avis qu’on