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que retrace le San-Koué-Tchy, depuis les premières années du règne si troublé de Ling-Ty jusqu’à l’avénement de Ssé-Ma-Sien, qui prit, en recueillant l’héritage, longtemps disputé des Han, le nom de Wou-Ty, et fonda la dynastie des Tsin ; c’est-à-dire l’histoire d’une guerre civile qui dura près d’un siècle, depuis l’an 168 jusqu’à l’an 265 de notre ère.


II.


Aux récits des chroniqueurs, aux faits succinctement énoncés par les historiens officiels, qui n’osèrent pas trop s’appesantir sur les malheurs de cette époque, l’auteur du San-Koué-Tchy a ajouté des légendes populaires, souvent même merveilleuses ; toutefois les dates le maintiennent dans un cadre de réalité qu’il embellit, sans doute, mais qu’il ne peut librement franchir. Si le San-Koué-Tchy est un roman, c’est surtout dans ce sens que l’intérêt se concentre sur un personnage qui représente la pensée dominante de l’écrivain plutôt qu’il n’occupe le premier rang et ne joue le principal rôle dans ce long drame. Ce héros est un rejeton oublié de la famille régnante des Han, qui va s’éteindre ; sorti d’une condition obscure, s’élevant bientôt par ses vertus et son courage aussi haut que les chefs ambitieux empressés de se partager l’empire, forcé à son tour de se déclarer souverain de l’un des trois royaumes qui se sont formés des débris de la grande monarchie déchue, Liéou-Pey est la vivante expression d’une légitimité à laquelle les Chinois attachent le sort de leur pays, qu’ils n’abandonnent que quand une dynastie nouvelle, dûment établie, a fait renaître la