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Hiuen-Té. « Quel est son grade ? — Chef d’une compagnie d’archers à cheval… — Et pour qui nous prends-tu, nous autres grands vassaux, pour te mettre si arrogamment de la partie ! » répliqua Youen-Chao. Cependant Tsao insiste pour qu’on le laisse attaquer un ennemi qu’il aura peut-être bientôt châtié. « Et pour qui nous prendrait Hoa-Hiong lui-même si nous envoyions un archer contre lui ! » ajouta le généralissime. — « Il n’a rien de grossier dans son allure, répliqua Tsao ; l’ennemi saura-t-il ce qu’il est ! — Et si je ne rapporte pas sa tête, interrompit Kouan, je vous livre la mienne ! »

Tsao lui prépare une coupe de vin chaud ; le héros monte à cheval et répond : « Versez, je cours à l’ennemi ! » Il part… et tout à coup, les grands vassaux entendent des cris perçants dans la plaine comme si le ciel se fut ébranlé et que la terre eût tremblé ! À la première attaque Kouan a tranché la tête du chef redouté ; le vin n’avait pas eu le temps de froidir ! Les confédérés sont au comble de la joie.

Derrière Hiuen-Té, Tchang-Fey s’élance et crie : « Frère, puisque le chef des rebelles est décapité, courons au passage ; le tyran tombera entre nos mains, l’occasion est bonne !… Ils partent au galop.


IV.[1]


Mais Youen-Chu (frère du généralissime) laissa éclater l’indignation d’un orgueil blessé. « Dans cette ligue où les grands dignitaires de l’empire se témoignaient un respect mutuel, devait-on faire tant de cas d’un officier subalterne aux ordres d’un pauvre petit chef de district ? Voyez comme ils s’avancent hors des lignes ! — C’est le mérite qu’il faut apprécier, répondit Tsao, sans s’attacher au rang ! — Eh bien ! répliqua Chu, si vous voulez vous servir de pareilles gens, nous n’avons plus qu’à nous retirer. — Quoi ! à cause d’un mot, dit Tsao, nous irions compromettre une si grande entreprise ! » Et pour faire

  1. Vol. I, liv. I, chap. X, p. 136 du texte chinois.