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derrière lui trois hommes restaient debout ; leur physionomie n’avait rien de commun, et sur leurs traits on distinguait un froid sourire.

Chao demande au général qui sont ces trois personnages : « Mon ami, mon frère adoptif depuis l’enfance, dit Kong-Tsan en faisant signe à celui-ci d’avancer, le chef du district de Ping-Youen, Liéou-Pey ! — Ah ! s’écria Tsao, le brave Hiuen-Té (c’était son petit nom), celui qui a battu les Bonnets-Jaunes, n’est-ce pas ? — Lui-même ! » Hiuen-Té alla saluer le général en chef, qui vanta ses glorieux exploits racontés en détail par Kong-Tsan. « Puisque vous descendez de la famille des Han, prenez un siége, » lui dit le généralissime. — « Moi, m’asseoir ! je ne suis qu’un petit gouverneur de district, » répondit Hiuen-Té. — « Ce n’est pas le rang que j’honore en vous, répliqua Chao, c’est la race des empereurs, et l’homme qui s’est couvert de gloire ! » Hiuen s’inclina de nouveau et prit un siége ; derrière lui, ses deux amis dévoués, Kouan et Fey, demeuraient debout, les mains croisées sur la poitrine.

La délibération avait repris son cours, quand arriva la nouvelle que Hoa-Hiong, ayant franchi le passage avec ses cavaliers armés de lances, tenait à la pointe d’un bambou le bonnet rouge de Sun-Kien, et venait demander le combat au pied des retranchements, en insultant les confédérés.

« Qui veut aller répondre aux provocations de l’ennemi ? » demanda le chef de la ligue. Derrière lui un chef répond : « Moi ! » C’est Yu-Ché ; il s’élance, mais à la seconde attaque, il tombe mort, et tous les grands vassaux sont consternés. À son tour un autre héros se présente ; il rapportera la tête du chef invincible ; Youen-Chao l’encourage, il part brandissant une énorme hache ; mais il est aussi décapité par Hoa-Hiong. Cette fois les grands vassaux ont pâli ; parmi tant de chefs réunis sous leurs ordres, aucun n’osera affronter Hoa-Hiong ! Un troisième se propose ; c’est un colosse, sa barbe est longue et flottante ; sa prunelle brille comme celle du phénix ; ses sourcils sont épais, son visage rouge, sa voix sonore comme le gong sur lequel on frappe les veilles ; c’est Kouan-Mo, le frère adoptif de