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ses flèches, mais en vain, sur le chef ennemi ; il en décoche une troisième avec tant de force que l’arc se brise à la poignée, et désormais sans arme offensive, il pénètre dans un bois pour s’y cacher.

« Votre bonnet rouge vous désigne comme un but à tous les traits, lui dit Méou ; le général ennemi ne l’a pas perdu de vue un instant ; prenez mon casque, changeons, et fuyons par des routes opposées ! » ainsi firent-ils. Hoa-Hiong reprit sa poursuite dans la direction du bonnet rouge ; et, tandis que Kien se sauvait par un petit chemin, Méou, sans relâche poursuivi, suspendit au passage sa fatale coiffure sur le poteau d’une maison à moitié brûlée ; puis il pénétra dans le fond d’une forêt qui lui prêtait un asile. Attiré par le bonnet rouge, Hoa-Hiong fait cerner la cabane ; ses troupes n’osent attaquer de près et lancent des flèches ; alors seulement l’erreur est reconnue. Hoa ramasse le bonnet, fouette son cheval, et s’acharne de nouveau contre Méou qui sort de derrière la forêt pour attaquer son ennemi, mais il tombe lui-même frappé à mort ; Hoa lui coupe la tête et reconduit ses soldats au passage de Ky-Chouy. Les trois autres chefs, après avoir retrouvé leur général, campèrent avec les restes de l’armée. Kien était inconsolable de la mort du fidèle Méou.

Cependant, quand Youen-Chao apprit, par des courriers, la défaite de Sun-Kien et la mort de Tsou-Méou, il ne put contenir son effroi. « Hélas, disait-il, aurais-je cru que ce brave guerrier serait battu par Hoa-Hiong ! Cette division isolée aura bien du mal à se fortifier hors de nos retranchements. Je crains que l’ennemi ne vienne l’enlever dans son petit camp. » Il ordonna donc à ces soldats vaincus de rentrer dans l’intérieur des palissades qui protégeaient la grande armée. Puis il assembla un conseil général de tous les chefs confédérés et leur dit : « Ces jours derniers, Pao est allé combattre sans ordre, il a perdu la vie et causé la mort d’un grand nombre de soldats : aujourd’hui Sun-Kien est battu ; nos forces s’épuisent, l’enthousiasme s’éteint. » Personne ne répondit. Les chefs étaient assis en rang, et Kong-Tsan, arrivé le dernier, se tenait à l’extrémité ;