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Kien le voit s’élancer en avant, il veut combattre en personne ; son compagnon Tching-Pou le devance d’un élan rapide, et, avec sa lance, il a bientôt renversé le chef ennemi. Les troupes du vainqueur se fraient un chemin à travers le passage, l’épée à la main ; les flèches pleuvent dans le lieu de ce combat acharné, et Kien revient avec son monde camper à Liang-Tong. De là il écrit au généralissime pour lui annoncer son succès et prier le frère de celui-ci, Youen-Chu, l’ordonnateur de l’armée, de lui envoyer des vivres. Mais de mauvais conseillers firent sentir à ce dernier que si Kien, déjà trop redoutable sur la rive orientale du fleuve, pénétrait dans le Lo-Yang, sur le territoire de la capitale, s’il tuait lui-même l’usurpateur, au lieu d’un loup on aurait un tigre ; tout le pouvoir serait entre ses mains. Il valait donc mieux ne pas lui envoyer de vivres ; alors ses troupes se disperseraient : cet avis fut écouté par Youen-Chu ; la petite armée, privée de vivres et de fourrages, se souleva.

Quand cette nouvelle se répandit dans le camp opposé, Ly-Sou et Hoa-Hiong résolurent de faire une double attaque. Le premier tournerait les retranchements de Kien ; le second viendrait l’assaillir au milieu de la nuit ; il ne pourrait leur échapper. Dès le soir, Hoa, plein de joie, fait distribuer à ses troupes un repas solide, et descend en armes dans la plaine. La lune brille, l’heure est calculée pour arriver aux retranchements à minuit ; tout à coup le tambour bat, les soldats poussent des cris en s’avançant ; Kien, surpris, prend sa cuirasse et monte à cheval ; il rencontre Hoa-Hiong, mais le combat ne dure pas longtemps ; Ly-Sou a mis le feu au camp, incendié les provisions qui restent ; la petite armée fuit dans le plus grand désordre, et son chef lui-même se retire au galop, complètement battu.

De tous côtés, ce sont des cris qui ne cessent pas. Les quatre officiers, compagnons de Sun-Kien, perdent la tête, excepté Tsou-Méou qui le suit avec quelques cavaliers ; il perce la mêlée, toujours assailli par Hoa-Hiong qui, après dix attaques successives contre Kien, assez hardi pour avoir fait volte face, s’acharne à le poursuivre. Deux fois Sun-Kien a lancé