Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur le sommet, l’étendard blanc avec la hache jaune, la moitié du sceau de la confédération et le sceau de général. Alors Youen-Chao, invité à monter sur l’estrade, y parut en beaux habits de guerre, ceint du glaive. Là, il brûla des parfums, s’agenouilla deux fois, et prononça la formule du serment que voici :

« La dynastie est plongée dans le malheur ; les devoirs envers le souverain cessent d’être remplis ; un ministre pervers, Tong-Tcho, profitant des circonstances, s’abandonne à ses caprices violents ; il opprime l’empereur et tyrannise le peuple. Dans la crainte que les sacrifices à la terre ne soient détruits, et que le peuple de l’empire ne soit en proie à des révolutions désastreuses, Youen-Chao et les autres chefs ont rassemblé des soldats au nom de la fidélité, et s’avancent pour délivrer l’État d’un si pressant péril. Tous, nous jurons d’unir nos cœurs et nos bras pour nous dévouer à l’accomplissement des devoirs de loyaux sujets ; tous, nous nous ferons trancher la tête plutôt que d’avoir la pensée d’une trahison ! Celui qui violerait sa promesse consent à être puni de mort, lui et tous les siens. Le ciel et la terre, roi et reine des créatures, les âmes glorieuses de nos aïeux sont les témoins du serment ! »

On brûla les tablettes sur lesquelles était écrite cette formule ; on but à la ronde le sang des victimes ; l’assemblée émue éclata en sanglots, et donna un libre cours à ses larmes ; aussi pouvait-on dire que parmi tous les soldats, sortis des campagnes, et voués aux travaux domestiques, il n’y en avait pas un seul qui, pareil au lion et au taureau, n’eût employé ses dents et ses cornes contre l’usurpateur !

Après la cérémonie, Youen-Chao descendit de la plate-forme ; les chefs confédérés le reconduisirent processionnellement à sa tente, le firent asseoir à la place d’honneur et lui adressèrent leurs félicitations ; puis ils se rangèrent, d’après leur âge et leur grade, sur deux lignes, autour du généralissime. Alors Tsao fit verser du vin à la ronde, et dit : « Maintenant que nous avons élu un généralissime de la confédération, chacun de nous doit lui obéir et concourir au salut de la dynastie, avec