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second, chef d’une compagnie d’archers à pied, et ils causaient des affaires publiques, tout en continuant leur chemin. Kong-Tsan accablait Hiuen-Té de questions ; Fey, toujours entreprenant, avait eu le premier l’idée de marcher contre l’usurpateur ; il lui en voulait déjà pour l’avoir autrefois mal reçu dans son camp. D’après leur serment de vivre ou de mourir ensemble, Kouan s’était décidé à le suivre, et malgré son emploi qu’il fallait quitter, Hiuen s’était joint aux mécontents et à ses amis[1]. La petite troupe de cavaliers qu’ils conduisaient tous les trois, suivit dans sa marche l’armée de Kong-Sun-Tsan.

En tête de cette confédération des dix-huit grands vassaux, marchait un homme de haute taille, le modèle des héros, respecté de tout l’empire ; il a déjà figuré dans cette histoire[2], son nom est Sun-Kien (son surnom Wen-Tay) ; Tsao vint au-devant de lui, et bientôt les grands vassaux arrivèrent sur ses pas. Chacun dressa son camp ; l’ensemble de ces tentes occupait un espace de vingt milles.

Après avoir immolé des bœufs et des chevaux, Tsao-Tsao convoqua un grand conseil pour délibérer sur l’entrée en campagne. Wang-Kwang fut d’avis qu’il fallait d’abord nommer un chef de la confédération, dans cette guerre entreprise au nom de la fidélité due au souverain. Ce généralissime dicterait ses ordres aux seigneurs réunis, et ensuite on ferait marcher les troupes. Chacun déjà déclinait cet honneur, mais Tsao lui-même désigna Youen-Chao, qui comptait dans sa famille, depuis quatre générations, les trois grands dignitaires de l’empire, et sous son patronage, beaucoup d’anciennes maisons de mandarins ; petit-fils d’un général renommé sous les Han, il pouvait être dignement à la tête de la ligue. Trois fois Youen-Chao refusa, mais tous les confédérés insistèrent si fortement qu’il finit par accepter.

Le lendemain, on éleva une plate-forme, à trois gradins, faite de terre battue ; on y planta à l’entour cinq bannières, et

  1. Ce passage est un peu abrégé.
  2. Voir page 25.