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aux eunuques des emplois considérables, ils transmirent aux princes de la cinquième race le germe du mal qui devait les faire succomber à leur tour.

Dans la famille des Han, il y eut de grands monarques ; Kao-Tsou, qui rétablit la paix troublée par la chute des Tçin ; Wen-Ty qui fit refleurir les lettres et encouragea le commerce ainsi que l’agriculture ; Wou-Ty qui poussa ses conquêtes dans la Tartarie, dans l’Asie centrale, jusque dans l’Inde. La Chine, organisée au dedans, victorieuse au dehors, continuait sa période ascendante. Elle fut cependant arrêtée dans le cours de ses prospérités par l’usurpation du régent Wang-Mang, qui s’empara du trône à la minorité du douzième empereur de la dynastie des Han. Puis, la couronne retourna dans la famille des légitimes souverains, à laquelle Kwang-Wou donna un nouveau lustre. Il régénéra la race affaiblie prématurément, et devint le chef de la branche des Han-Orientaux, en transportant le siège de l’empire dans le Chen-Sy à Sy-Ngan-Fou. Mais cette ère glorieuse, saluée avec empressement par les populations inquiètes, fut de courte durée. Les intrigues du palais, plus fatales aux souverains que les invasions des Barbares, que les guerres intestines, minèrent cette puissance qui commandait désormais à toute l’Asie orientale. L’an 147 de notre ère, Hiuen-Ty se trouva placé sur ce trône absolu qu’entouraient six mille concubines et une troupe d’ambitieux eunuques revêtus d’une grande autorité. En permettant la vente des charges et des offices publics, ce prince donna le signal des désordres qui compromirent l’existence même du céleste Empire.

C’est cette désastreuse époque des annales chinoises