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auguste empereur. Il voulut faire de sa capitale un arsenal, une place forte par excellence, en y rassemblant toutes les armes que conservaient ses sujets dans leurs maisons, et la plus magnifique des villes du monde, en l’embellissant avec un luxe inouï. Fatigué des incursions des Tartares, qui l’empêchaient de réduire tous ses vassaux, il tenta d’y mettre un terme, et bâtit, pour arrêter les hordes du nord, la fameuse muraille qui abrite encore Pé-King. Les lettrés lui reprochaient l’exil de sa mère ; il leur imposa silence, les poursuivit de ses proscriptions à travers les provinces, les fit périr et brûla les livres ; le passé n’était rien pour ce grand novateur. Dans son orgueil, Tching-Ty se plaisait à sacrifier sur les hautes montagnes ; là, plus rapproché du ciel, il se sentait mieux régner sur l’immense territoire soumis par ses armées, et qu’il réorganisait à la façon des conquérants. Comme les tyrans, comme les grands princes aussi, il eut deux fois à défendre sa vie contre des assassins, et mourut de mort naturelle, après trente-sept ans de règne, dans la cinquantième année de son âge, maître absolu de tous les petits états qui avaient ébranlé et détruit la dynastie des Tchéou, au faîte de la puissance, dans l’enivrement de la gloire. Peu d’années après sa mort, son palais et sa capitale furent incendiés, son tombeau renversé et pillé ; mais son œuvre demeura.

L’attentat de Tching-Ty contre les lettres et les lettrés a rendu odieuse au peuple cette courte dynastie, qui ne dura que quarante-trois ans et ne compta que trois empereurs. En disparaissant si vite, les Tçin léguèrent aux Han, leurs successeurs, un magnifique empire, que ceux-ci gardèrent longtemps ; mais, comme ils avaient accordé