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après un règne de dix mille ans, il sera digne d’être honoré dans le temple des Aïeux.

« Le prince déposé aura le titre de roi de Hong-Nong (empereur honoraire) ; la princesse, sa mère, cessera de s’occuper des affaires du gouvernement ; en nous conformant aux volontés du ciel et en obéissant aux lois humaines, nous consolerons le peuple dans sa douleur et calmerons son inquiétude ! »

Après cette lecture, Tong-Tcho cria d’une voix rude aux gens de sa suite de faire descendre le petit empereur ; il lui enleva le sceau impérial, qu’il portait suspendu au cou, le força à se tourner et à s’agenouiller en disant : « Sujet, écoute les ordres de ton empereur ! » ; le jeune prince sanglotait ; les grands mandarins souffraient aussi, mais en silence. L’impératrice reçut, à son tour, l’injonction injurieuse de se dépouiller de ses habits de cour ; elle étouffait de rage, et dans cette assemblée, que l’indignation suffoquait, un seul homme osa éclater en invectives : « Ministre pervers, s’écria-t-il, du pied des marches du trône, tu oses conspirer contre le ciel, déposer un jeune prince plein de sagesse et d’intelligence ! j’aimerais mieux mourir avec toi ! » et il lança contre Tong-Tcho la tablette d’ivoire qu’il tenait à la main.

Dans sa fureur, celui-ci ordonna aux soldats de saisir le mandarin et de l’emmener pour lui trancher la tête ; c’était un des présidents des six grandes cours, Ting-Kouan ; il ne cessa d’injurier l’usurpateur et reçut le coup mortel sans pâlir.

Après cette interruption, Tong-Tcho pria Tchin-Liéou-Wang de prendre la place de son frère, qui fut unanimement proclamé empereur. À peine la cérémonie était-elle achevée, que Tong-Tcho séquestra dans un harem particulier (nommé Yong-Ngan, palais de l’éternel repos), l’empereur détrôné, avec sa mère ; l’épouse du prince et deux jeunes servantes les accompagnèrent dans leur captivité ; chaque mois on leur faisait passer des vivres ; aucun des magistrats ne put pénétrer dans leur retraite ; ceux qui voulurent enfreindre cet ordre