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petit empereur. Les mandarins civils et militaires étaient convoqués aussi ; ceux qui manquèrent à l’appel eurent la tête tranchée. Au jour marqué, les dignitaires s’étant placés sur deux rangs, Tong-Tcho, le sabre à la main, déclara le jeune souverain privé de raison et de force d’esprit, incapable de faire respecter les lois, et par conséquent indigne de tenir les rênes de l’empire : « Voici, dit-il, un ordre émané d’en haut ; qu’il en soit fait lecture ! » et son affidé Ly-Jou lut ce qui suit :

« L’empereur Hiao-Ling-Ty n’a pas pu, comme son aïeul Kao-Tsong, jouir d’une longue vie ; de bonne heure il a quitté les mandarins, ses enfants. Tous les hommes de la terre tournent leurs regards sur le successeur du prince défunt, et nous avons un souverain d’un esprit faible, léger, sans dignité, sans respect pour les lois anciennes. Il a accompli, comme à regret, les cérémonies funèbres ; a-t-il gardé le deuil comme le prescrivent les anciens rites ? Ses mauvaises passions se sont trahies ; des instincts de vice et de débauche se montrent en lui. Il ne peut que déshonorer les sacrifices, repousser les esprits de nos temples, souiller la salle des Ancêtres. En ne donnant point à son fils les bons principes que lui doit une mère, en usurpant le pouvoir, la princesse Ho-Heou a jeté l’État dans l’anarchie ; quand mourut l’impératrice mère, objet de nos regrets, quels soupçons se sont trahis dans le peuple ! les trois devoirs envers son prince, son fils et son époux, cette triple loi humaine et divine, est-il un plus grand crime que de la violer ?

« Tchin-Liéou-Wang est sage, vertueux, intelligent, malgré son jeune âge ; grave et réfléchi dans ses actions ; il est, comme Yao, doué de toutes les vertus d’un sujet et d’un prince ; il a su porter le deuil et se retirer loin du bruit pour pleurer ses proches ! Aucune parole contraire à la morale ne sort de sa bouche ; il a de la fermeté, de la dignité dans les manières comme Tchéou-Kong et Tching-Wang. Sa réputation est belle et glorieuse par toute la terre ; continuant, d’une manière convenable, les traditions de sa sainte doctrine,