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grossier personnage. Si ce n’était par égard pour vous, je le tuerais !… Quel est votre avis sur la question de la déchéance ? — Les vues de Votre Excellence sont parfaitement justes, » répondit le ministre Youen-Kouey, et Tong-Tcho ajouta : « Quiconque osera ne pas obéir aux décisions de cette auguste assemblée sera puni selon la rigueur des lois militaires ! » Tous les mandarins, à la fois, répondirent : « Nous avons entendu vos ordres révérés ! » Là-dessus ils se retirèrent.

Le banquet à peine fini, Tong-Tcho interrogea le conseiller Tchéou-Py, le commandant Ou-Kiong et le moniteur Ho-Yong, sur les résultats probables de la fuite de Youen-Chao. Le premier répliqua « que la question de déchéance étant au-dessus de la portée humaine, Youen-Chao, qui ignorait les usages en une si grave circonstance, avait craint de se tromper ; tel était le vrai motif de sa retraite. Aujourd’hui, ajouta-t-il, trop de précipitation de votre part amènerait certainement une révolution. Les Youen, par une suite de bienfaits répandus durant quatre siècles, se sont acquis beaucoup de partisans parmi les anciennes familles de mandarins, dans toutes les parties de l’empire ; si Chao, poussé à bout, rassemble çà et là les hommes recommandables et distingués, sur le nombre, il se trouvera peut-être un héros que l’occasion fera paraître, et la province de Chan-Tong vous échappe. Oubliez la faute de votre ennemi ; c’est le meilleur parti ; donnez-lui une ville à commander et vous le verrez, trop heureux d’avoir la vie sauve, venir demander son pardon. Dès-lors, plus d’inquiétude de ce côté ! »

« Quant à moi, répondit Tsay-Yong, je ne conseille point non plus de faire mourir Youen-Chao ; il aime à conspirer, il s’agite sans cesse, mais devons-nous le craindre ? lui donner le gouvernement d’une province, ce sera vous concilier l’affection du peuple. » Ce jour-là même Tong-Tcho, acceptant ces avis avec plaisir, envoya saluer son ennemi du titre de gouverneur de Pou-Hay.

Désormais, toute l’autorité résidait entre les mains de Tong-Tcho ; tous les grands tremblaient devant lui. Le premier jour du neuvième mois, il fit appeler dans la salle, dite Hia-Té, le