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cile qui ne peut offrir les sacrifices dans le temple des Aïeux, ainsi qu’il convient au fils du ciel. À l’exemple de deux célèbres ministres de l’antiquité (Y-Yn et Ho-Kwang), nous proclamons la déchéance de ce prince ! Il aura le titre d’empereur honoraire ; Tchin-Liéou-Wang montera sur le trône à sa place. » Qu’en pensent les grands mandarins ?

Comme à la première réunion, les mandarins interdits gardaient le silence ; une seule voix se fit entendre pour exprimer la différence qui existait entre les empereurs déposés par les ministres auxquels Tong-Tcho faisait allusion, et le petit prince récemment choisi. Il lui reprochait d’élever le fils naturel de Ling-Ty aux dépens de l’héritier légitime ; tous les regards se tournèrent vers celui qui parlait ainsi : c’était Youen-Chao, chef du premier corps d’armée.

Tong-Tcho s’écria avec rage : « C’est moi que cette grande question regarde, et c’est moi qui veux la régler, quelqu’un oserait-il me tenir tête ? Ce glaive que je tiens, croyez-vous qu’il ne soit pas tranchant ? — Eh bien, reprit Youen-Chao, en tirant le sien hors du fourreau, si votre lame est acérée, pensez-vous que la mienne ne l’est pas ? »


III.[1]


Et tous les deux ils se défièrent au milieu du banquet. Tong-Tcho voulait, selon sa coutume, tuer ce dangereux rival, et ce fut Tsay-Yong (nouvellement rallié à son parti) qui l’arrêta : « son autorité n’était pas encore assez solidement établie pour qu’il risquât de la compromettre par ce meurtre ! » De son côté, Youen-Chao, tenant à la main son précieux cimeterre, salua l’assemblée, se retira, et suspendit le sceau du commandement à la porte orientale, en signe de démission ; puis, remontant à cheval, il s’enfuit dans le pays de Ky-Tchéou.

Le silence continuait, mais Tong-Tcho, apostrophant le ministre d’état Youen-Kouey, lui dit : « Votre neveu est un

  1. Vol. I, liv. I, chapitre VII, p. 104 du texte chinois.