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d’hui j’ai quitté les ténèbres pour accourir à la lumière ; c’est vous désormais que je désire servir comme un fils ! » Ly-Sou reçut des présents considérables pour avoir si bien réussi dans sa mission.

Une cuirasse d’or, une tunique ornée de riches broderies, furent la récompense que, dans sa joie, Tong-Tcho donna encore le même jour à Liu-Pou ; après avoir bu ensemble, ils prirent congé l’un de l’autre. Maître de la demi-armée qui venait de suivre le traître, Tong-Tcho vit sa puissance grandement accrue ; il garda pour lui le commandement du premier corps des troupes, et nomma général de l’aile droite son frère Tong-Min, investi déjà du titre de prince de Hou. Liu-Pou devint général d’une division de cavalerie, et prince de Tou-Ting.

Parmi les lettrés qui s’obstinaient à rester indépendants, se trouvait Tsay-Yong ; bien que Ly-Jou lui fît sentir les avantages qu’un homme aussi distingué que lui retirerait à servir son maître, le mandarin refusait toujours d’embrasser un nouveau parti ; cependant quand Tong-Tcho, irrité de sa fermeté, joignit aux promesses d’avancement déjà faites par son affidé, la menace de l’exterminer lui et tous les siens, Tsay-Yong n’eut pas la force de résister plus longtemps. Élevé au plus haut rang, il se vit traité avec honneur et comblé de récompenses. En trois jours, Tong-Tcho le nomma moniteur impérial, maître des requêtes et président d’un des six grands tribunaux ; puis après conseiller intime.

Cependant Ly-Jou pressait Tong-Tcho de remettre en délibération la question de déchéance ; les mandarins de la capitale furent donc de nouveau convoqués, pour le lendemain, à une grande assemblée dans la salle d’audience ; Liu-Pou reçut l’ordre d’amener mille soldats qu’il disposa par groupes aux deux côtés de l’enceinte. Le jour suivant, les mandarins se présentèrent, conduits par le président du grand conseil, Youen-Kouey ; le vin ayant été servi à la ronde, Tong-Tcho, le sabre en main, prit la parole, et dit : « Ce qu’il y a de plus auguste, ce sont le ciel et la terre ; ensuite l’empereur et les mandarins qui dictent les lois au monde. Nous avons un souverain imbé-