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sur les populations chinoises. Le céleste empire possédait son code de morale, ses annales commentées, sa poésie, sa littérature. La civilisation apparaissait non-seulement à la cour des empereurs, mais encore chez les petits princes, leurs vassaux. Les sages, rappelant sans cesse aux souverains les vertus et les actions des anciens monarques, tenaient près d’eux le même rang qu’occupaient chez les Radjas de l’Inde les Gourous, précepteurs spirituels ; une philosophie entièrement opposée à la doctrine du fatalisme enseignait aux grands à juger des choses futures par les choses passées. Bien qu’elle fût écrite dans les palais, l’histoire était devenue ce jugement populaire dont on menaçait les rois d’Égypte après leur mort. L’empire chinois, si lent à se former, et qui semblait prêt à périr au milieu de la confusion, était réellement à la veille de subir une métamorphose éclatante ; elle s’effectua, il est vrai, d’une façon violente, mais une organisation complète sortit du désordre même. Quand les quatorze principautés, qui se disputaient la suprématie, se furent affaiblies par de longues dissensions, le roi de Tçin vint recueillir la couronne, enlevée au dernier descendant des Tchéou, qui se la transmettaient depuis près de neuf siècles, et il réunit en un seul ces petits sceptres à moitié brisés.

Le problème fut résolu ; par la force des armes se trouvèrent confondus les éléments divisés de cette vaste monarchie. On peut dire que Tching-Ty (le second des Tçin), a été le fondateur de l’empire, tel qu’il existe aujourd’hui. Afin de faire disparaître toute trace de la féodalité détruite, il partagea ses états en trente-six provinces. Au titre de Wang, roi, il substitua celui de Hwang-Ty,