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pautés ou royaumes ; la suite des événements prouva que Wou-Wang s’était trompé. Les révoltes incessantes de ces feudataires, à peu près indépendants, provoquèrent de nouveau les incursions des barbares habiles à profiter de ces troubles pour attaquer le pays qui les refoulait dans leurs déserts. Toujours repoussés, ils se montraient toujours prêts à franchir les limites du territoire des Tchéou ; l’appât du pillage les attirait vers des contrées déjà florissantes ; ils préludaient aux incursions qui devaient un jour les disperser sur toute la surface du monde ancien.

Les guerres intestines portèrent le dernier coup à la famille des Tchéou, qui donna trente-cinq empereurs à la Chine. L’affection du peuple qui l’avait appelée au trône se retira d’elle à mesure que les descendants dégénérés de Wou-Wang, chef de la race, se montraient moins capables de maintenir en paix les quatorze royaumes soumis à leur sceptre ; ils succombèrent en laissant l’empire dans la plus complète anarchie. Cependant cette troisième dynastie avait traversé, non sans gloire, l’époque la plus critique, la plus orageuse, celle qui, chez les nations destinées à un long avenir, précède l’entier développement de leur puissance. Au milieu d’agitations presque continuelles les rites avaient pu être établis ; la tradition avait acquis une plus grande consistance. Confucius et Meng-Tseu étaient venus proclamer les doctrines, qui depuis ont guidé les rois, les lettrés, et le peuple ; avant eux, Lao-Tseu avait enseigné une philosophie spiritualiste qui, confondue plus tard avec la religion de Bouddha, et mêlée au culte des esprits, exerça, à diverses époques, une si grande influence