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sans défiance, s’avança seul jusqu’à l’endroit où le piège était tendu. Tout à coup, les deux chefs du complot (Tchang-Jang et Touan-Kouey) paraissent devant lui, le pressent des deux côtés, et Jang, d’une voie insultante, lui crie : « Quel crime avait commis la princesse Tong-Heou, pour que tu la fisses périr par le poison ? Quand on a enterré la mère du prince, tu as prétexté une maladie pour ne pas paraître ! Qu’es-tu par toi-même ? un pauvre boucher ; c’est nous qui, par nos recommandations près de l’empereur, t’avons élevé au faîte des honneurs ! et, pour récompense, tu voulais nous perdre ! tu nous traitais d’êtres immondes ; est-ce là ta pureté, à toi ? »

Tout interdit, Ho-Tsin, au lieu de répondre, cherchait à fuir ; mais les portes étaient exactement fermées. « Amis, cria l’eunuque, pourquoi ne frappez-vous pas ? » Les hommes armés de couteaux et de haches, se jetant en foule sur Ho-Tsin, l’entraînèrent par les cheveux près de la porte du palais et le mirent en pièces. Après s’être ainsi vengés de leur ennemi, Jang et les siens appelèrent le commandant des gardes, Fan-Ling, au grade du général assassiné.

Youen-Chao attendait en vain Ho-Tsin au sortir, lorsque, hors de l’enceinte du palais réservé, une voix cria : « Le général en chef des armées impériales daignerait-il monter sur son char !… » et, en même temps, un eunuque subalterne lançait, par-dessus les Portes Jaunes, la tête sanglante de Ho-Tsin, ajoutant à haute voix : « Ho-Tsin avait formé le dessein de se révolter, il a péri ! Pardon pour tous ceux qui l’ont suivi ! »

A ces mots, Youen-Chao, transporté de fureur, s’écria : « Les eunuques ont assassiné un grand dignitaire, et cela au mépris de toute justice. Ils ont violé les premières lois de l’équité ! Que ceux qui veulent châtier les bandits se joignent à nous pour les attaquer. »

Aussitôt un commandant qui servait sous Ho-Tsin (nommé Ou-Kwang) mit le feu à la porte dite Tsing-Sou, tandis que Chao pénétrait dans le harem avec ses soldats. Tous les eunuques, grands et petits, devaient périr ! Youen-Chu et Tsao-Tsao, forcèrent les entrées. Fan-Ling (le général nommé