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quand le gardien des archives, Tchin-Lin, lui dit encore : « La princesse vous demande, c’est un piège que vous tendent les eunuques ! n’allez pas, n’allez pas, ou vous êtes perdu. — Ma sœur m’appelle, répondit le général en chef, quel danger me menace ?

« — Toutes leurs mesures sont prises depuis longtemps, interrompit Youen-Chao, et nos projets ont déjà transpiré. Général, si vous êtes résolu à entrer dans le palais, au moins décidez ce que nous ferons !… la face des choses peut changer ! — Je tiens tout dans ma main, quel changement peut survenir ? reprit Ho-Tsin. — Appelons-les d’abord hors du palais, dit Tsao-Tsao, et vous entrerez ensuite.

« — Propos d’enfant craintif, répliqua Ho-Tsin en souriant ; ne suis-je pas maître de l’Empire, et quelle révolution peuvent faire dix eunuques ! — Si vous êtes résolu d’entrer, ajouta Youen-Chao, nous allons prendre nos casques et nos cuirasses et vous suivre, accompagnés de quelques soldats qui puissent vous défendre ; Tsao lui-même se tiendra à vos côtés, prêt à vous secourir à tout événement. »

Ces deux chefs, en effet, armés de riches cimeterres, avaient rassemblé cinq cents soldats ; avec eux se trouvait Youen-Chu, frère de père de Youen-Chao, homme recommandable par son respect filial et sa droiture ; il était officier dans la garde de l’empereur et chargé de la police du palais pendant la nuit. Revêtu du casque et de la cuirasse, il amena les cinq cents soldats d’élite, qu’il déploya hors du palais devant l’une des portes (appelée Tsing-Sou-Men) ; Chao et Tsao étaient là pour prêter main forte avec cent hommes.

Quand le char de Ho-Tsin arriva devant le palais réservé appelé Tchang-Lo (de la Joie-Éternelle), où étaient placés en embuscade les sbires des eunuques, un serviteur de la princesse vint dire au général « que sa sœur l’attendait dans le harem ; elle voulait lui parler d’affaires de la plus haute importance ; les soldats de son escorte ne pouvaient être admis à entrer dans le palais réservé. » Les troupes commandées par Chao et Tsao restèrent donc en dehors des portes, et Ho-Tsin étourdiment,