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les sentiments d’humanité sont bannis de son cœur ; s’il pénètre dans la capitale, que de malheurs il va causer ! Quand il n’y a pas de justice dans le gouvernement, le peuple est opprimé. Le mieux est donc de lui signifier qu’il ait à retourner sur ses pas ; ainsi on évitera les calamités qu’attirerait une usurpation violente du pouvoir. »

Trop faible pour donner un pareil ordre, Ho-Tsin s’emportait contre les mandarins : « Ils étaient tous des magistrats infidèles, de déloyaux serviteurs, bons seulement à manger les revenus que leur accordait l’empereur. » Là-dessus Tching-Tay et Lou-Tchy se retirèrent.

« Où va-t-il ainsi ? » demanda le premier de ces deux grands dignitaires. — « Cessons de le seconder, lui répondit son collègue, car de terribles malheurs se préparent. » L’un des présidents des six cours, Sun-Yeou, donna aussi sa démission ; la moitié des mandarins quitta le palais. Ho-Tsin envoya un courrier au devant de Tong-Tcho, qui arrêta ses troupes à Min-Tchy.

Cependant, de leur côté, Tchang-Jang et les autres eunuques tenaient conseil. Ils savaient l’appel fait aux armées et le complot tramé contre eux par Ho-Tsin ; s’ils ne mettaient pas à profit ce court délai pour porter les premiers coups, c’en était fait d’eux et des leurs ! Ils cachèrent donc dans une salle du palais Tchang-Lo, cinquante hommes armés de poignards et de petites haches, et Jang se rendit une fois encore près de la sœur de Ho-Tsin, la mère du prétendant. Il se plaignit « d’avoir été la dupe des promesses de Ho-Tsin ; les soldats arrivaient dans la capitale pour détruire les eunuques et leurs familles ! Elle devait au moins sauver la vie de ses favoris, et du fond de leurs terres ils béniraient l’auguste princesse. — Allez vous-même aux pieds du général en chef implorer votre pardon, répondit Ho-Heou. — Si nous y allions, reprit l’eunuque, nous serions réduits en poussière ! Daignerez-vous faire venir votre frère au palais, afin de lui exposer vous-même notre demande ; s’il vous refuse, nous mourrons devant vous, ô mère de notre souverain, sans vous imputer notre trépas ! »

Ho-Heou se laissa toucher, et Ho-Tsin se rendait au sérail,