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vassaux, cette race royale eût péri sans un prince habile qui la régénéra. La capitale, déjà reculée sur une colline, se trouvait menacée encore par les débordements du fleuve Jaune ; Pan-Keng la transporta sur la rive opposée. En s’appliquant à établir le chef-lieu de ses états sur un terrain plus favorable, ce grand monarque préparait à la Chine des destinées brillantes. Par ces changements de résidence on voit que les rois du céleste empire cherchaient à fixer le centre de leurs possessions le long du cours d’eau que la population suivait par instinct en s’acheminant vers la mer. À mesure que la civilisation faisait des progrès dans les petits royaumes qui relevaient de la cour des Chang, l’ordre devenait plus difficile à maintenir ; il y avait là cette lutte des princes tributaires contre les suzerains, lutte terrible qui se montre à l’origine de toutes les monarchies ; en Chine elle ne devait finir que deux mille quatre cents ans après la fondation de l’empire et retarder longtemps encore l’époque de sa splendeur.

Le dernier rejeton des Hia était allé, comme Nabuchodonosor, errer au milieu des bêtes sauvages ; le monarque, en qui s’éteignit la race des Chang, se brûla lui-même avec ses trésors et ses femmes comme Sardanapale. Cette seconde catastrophe, plus éclatante que la première, donne la mesure des changements qui s’étaient opérés à la cour des empereurs. Après la mort du tyran, qui déshonorait le nom des Chang, le fondateur de la troisième dynastie (celle de Tchéou) crut calmer l’ambition des vassaux en partageant ses états entre soixante-onze petits princes, dont cinquante-quatre étaient de sa propre famille ; ces fiefs relevaient de quatorze princi-