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verbe dit : Si vous vous bouchez les yeux pour prendre un oiseau, vous vous prendrez vous-même au filet ; si dans les petites choses il ne faut pas s’embrouiller, à plus forte raison dans les grandes ; et dans le cas présent vous perdez la tête. En vous y prenant ainsi pour détruire les eunuques vous allumerez un immense incendie par lequel vous serez vous-même consumé. D’ailleurs, aujourd’hui, l’autorité est entre vos mains, vous êtes maître des troupes, et c’est le grand point. Gardez la majesté du dragon qui vole dans les airs, du tigre qui court dans la montagne. Au lieu de châtier, montrez seulement l’autorité foudroyante dont vous êtes revêtu, alors le Ciel secondera vos desseins, et les hommes obéiront. Si vous appelez aux armes les grands vassaux feudataires, si vous les tournez contre ce palais, quand tous ces héros animés d’un contraire esprit seront rassemblés, nous ressemblerons à celui qui présente un glaive par la poignée en tenant la lame dans sa main ; quelle gloire vous en reviendra-t-il ? Aucune, et vous aurez semé le germe d’interminables guerres civiles.

— « Ce sont là les paroles d’un lâche, répondit Ho-Tsin avec un sourire de mépris. — Mais c’est là une entreprise aussi facile que de tourner la main. À quoi bon tant réfléchir ! » s’écria avec un éclat de rire bruyant un homme qui se trouvait près du général. C’était Tsao-Tsao.


III.[1]


Il continua : « Les eunuques sont une calamité, ils l’ont été de tous temps ; les souverains leur ont accordé indignement une autorité sans bornes ; ils en ont fait leurs favoris et leurs conseillers. Peu à peu le mal est arrivé au comble, à ce degré où nous le voyons maintenant. Si vous voulez punir leurs crimes, chassez du palais les chefs de cette horde perverse, le bourreau suffira pour en faire justice. À quoi bon rassembler

  1. Vol. I, liv. I, chap. V, p. 69 du texte chinois.