Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suffit de dire un mot et les eunuques vont périr ! voilà le moment favorable, profitons de l’occasion que le Ciel nous envoie ! »

Le général voulait réfléchir, et déjà des espions avaient rapporté toute cette conversation à l’eunuque Jang, qui courut vers Ho-Miao (frère de Ho-Tsin) et lui fit accepter les riches présents dont nous avons déjà parlé. À son tour, Miao intercéda pour les favoris près de sa sœur : « Notre frère, disait-il, général et ministre d’un empereur bien nouvellement élu, ne cherche guère à pacifier l’Empire par une conduite pleine d’humanité et de clémence, il ne pense qu’à tuer, et c’est là le moyen de mettre en péril la dynastie ; au moment où l’Empire est tranquille, il veut à toute force détruire les dix eunuques ; n’est-ce pas là susciter de grands troubles dans l’État ? »

La princesse approuva les représentations de son jeune frère ; aussi, quand l’aîné, Ho-Tsin, entra en s’écriant : « C’en est fait, je veux anéantir les eunuques ! » elle lui répondit : « Ces gens-là ont toujours administré l’intérieur du palais ; c’est un antique usage à la cour des Han. L’empereur défunt vient de vous laisser l’Empire à régir, et vous voulez la mort de ses anciens serviteurs ; est-ce là respecter les souverains qui nous ont précédés ! »

Malgré sa grande réputation, au fond, Ho-Tsin était d’un caractère faible et irrésolu ; il sortit sans avoir rien répondu. Youen-Chao l’aborda et lui dit : « Eh bien ! où en est la grande affaire ? — La princesse ne veut pas, je ne sais trop si je dois… répliqua Ho-Tsin. — Puisqu’il en est ainsi, interrompit Youen-Chao, je vais rassembler de toutes parts des hommes de cœur, amener des troupes dans la capitale, en finir moi-même avec ces brigands ; que la princesse y consente ou non, l’affaire sera faite, il n’y aura plus à y revenir ! — Tant mieux, dit alors Ho-Tsin, j’éviterai par là de me mettre en opposition directe avec ma sœur. »

L’ordre allait être donné d’appeler les troupes ; mais tout à coup parut le gardien des archives qui s’écria : « N’en faites rien, n’en faites rien ! — Et pourquoi ? — Parce que le pro-