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que la princesse avait envoyé des agents soutirer l’or et les richesses des provinces ; et plutôt que de gouverner, que de dicter des ordres à l’Empire, elle devait songer à se retirer paisiblement à Ho-Kien ; le jour de son départ fut même fixé. D’un côté on se mit en mesure de la faire sortir du palais pour la conduire au lieu de sa retraite forcée, et de l’autre on envoya cerner avec trois mille hommes la demeure de Tong-Tchong, chef des troupes provinciales, frère de la princesse, et le forcer à déposer le sceau qu’il portait au cou. Tong se voyant perdu alla se donner la mort au fond de son palais ; les gens de sa maison poussèrent de grands cris, et les soldats de sa suite se dispersèrent.

Le parti de la princesse Tong-Heou était désespéré ; les deux principaux eunuques, Tchang-Jang et Touan-Kouey, le sentirent et ils cherchèrent, à force de présents en or, en argent, en pierres précieuses, à se concilier le jeune frère et la mère de Ho-Tsin. Matin et soir, ils étaient auprès de Ho-Heou, la mère du prétendant, palliant avec de belles paroles leur astucieuse conduite, et ils firent si bien qu’ils rentrèrent dans ses bonnes grâces. Six mois après Ho-Tsin empoisonna la rivale de sa sœur, Tong-Heou, dans le pays de Ho-Kien, et son corps, transporté à la cour, fut enseveli à Wen-Liang, dans les sépultures impériales. Les dix eunuques étaient de nouveau maîtres du pouvoir.

Cependant, le général en chef, Ho-Tsin (qui prétextait une maladie pour ne pas sortir et ne pas assister aux cérémonies funèbres), reçut la visite de l’ordonnateur du palais, Youen-Chao, dont le cri était toujours : « Mort aux eunuques ! Car, disait-il, ils sèment au dehors des bruits dangereux, ils vous accusent d’avoir fait périr la rivale de votre sœur ; cherchant dans ce meurtre l’occasion et le prétexte de tenter un grand coup. Ne pas les exterminer, ce serait se préparer de sérieuses calamités pour l’avenir. La tentative faite dix ans auparavant par Téou-Wou et les autres a échoué, il est vrai, mais par l’effet d’une trahison ; cette fois vous avez sous vos ordres, sous les ordres de votre jeune frère, une troupe de héros ; il vous