Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette proposition fut adoptée avec empressement par Tong-Heou ; elle suivit en tous points les avis de l’eunuque ; éleva son fils à l’Empire sous le nom de Tchin-Liéou-Wang et mit sous le commandement de son frère Tong-Tchong la cavalerie des provinces. En moins de deux mois elle avait ressaisi l’autorité ; rien ne se faisait que par ses ordres. Mais la sœur de Ho-Tsin se voyant supplantée par sa rivale, fit préparer un grand festin ; Tong-Heou fut priée de sortir de la retraite dans laquelle sa dignité la retenait, et elle parut au banquet. Alors, vers le milieu du repas, Ho-Heou se leva, une coupe à la main, salua la princesse et dit : « Nous autres femmes, il ne nous appartient ni de trôner ni de gouverner ; jadis l’impératrice Liu-Heou s’empara du pouvoir, et trois mille personnes des grandes familles furent égorgées ; restons donc au fond du sérail, c’est notre place. Que les grandes affaires de l’État soient confiées aux mandarins respectables par l’âge et le rang ; que ce soient eux qui dirigent le conseil et agissent ; alors l’Empire sera heureux. Profitez de l’avis que je vous donne !

— « Vous avez empoisonné la mère de mon enfant adoptif, femme jalouse et envieuse ! répondit Tong-Heou avec colère ; aujourd’hui que votre fils est empereur, et que Ho-Tsin votre frère est au pouvoir, vous osez prononcer des paroles de haine et de discorde ! eh bien, je demanderai à mon frère, le chef des troupes provinciales, d’aller me chercher la tête de votre frère à vous, et je serai obéie aussi vite que la parole ! — Quoi ! reprit Ho-Heou furieuse, aux propos gracieux que je vous adresse, vous répondez par de grossières invectives ! — Femme de rien, fille d’un boucher, interrompit Tong-Heou, que savez-vous faire ?… »

Les deux femmes de l’empereur défunt se renvoyant les injures, les eunuques les exhortèrent à rentrer chacune dans leur demeure, au fond du harem. La nuit, Ho-Heou fit appeler son frère pour lui raconter les scènes qui avaient troublé le festin. Celui-ci s’entoura des trois grands dignitaires, et de concert avec eux, dès le lendemain, il déclara Tong-Heou rebelle aux lois de l’Empire, devant la cour réunie. Il exposa