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faire monter sur le trône après lui. Il n’avait que neuf ans. Les eunuques connaissaient les intentions du prince mourant, aussi lui conseillaient-ils (par la voix de Kien-Chy, l’un d’eux) de faire périr Ho-Tsin afin de couper court à bien des inquiétudes. L’empereur, trop faible pour résister, faisait appeler son général en lui tendant un piège, mais quand Ho-Tsin parut aux portes du palais, Py-Yn, commandant de la cavalerie, lui dit tout bas : — N’entrez pas, l’eunuque Kien-Chy veut vous tuer ! »

Tout épouvanté, Ho-Tsin retourne précipitamment dans sa maison, assemble les grands mandarins et veut anéantir les eunuques, mais un des assistants l’arrête : « Les eunuques sont puissants, depuis les temps de Tchong-Ty et de Tchy-Ty (21e et 22e empereurs de la dynastie des Han) ; leur autorité a poussé des racines solides et appuyées sur plus d’un point ; les détruire est une difficile entreprise. Si on dévoile ce projet, combien de familles vouées à une perte certaine ! il faut de la circonspection, de la prudence. » Ho-Tsin regarde, et apercevant Tsao-Tsao, l’intendant des armées, qui venait de prononcer ces paroles, il lui crie : « Et vous, homme de rien, est-ce que vous entendez quelque chose aux grandes affaires de l’État ? » Et pendant que l’assemblée discutait sans rien résoudre, Py-Yn entra ; il annonçait que l’empereur venait d’expirer dans la salle dite Kia-Té (de la vertu excellente). — Ling-Ty était mort à trente-quatre ans.

« Les eunuques délibèrent, ajouta Py-Yn, et Kien-Chy à leur tête ; ils cachent la mort du souverain ; ils feignent un ordre de sa part pour attirer Ho-Tsin dans le piége, et se débarrasser de lui, faisant ainsi cesser l’inquiétude qu’il leur inspirerait dans l’avenir ; c’est Hie qu’ils veulent mettre sur le trône. Il parlait encore quand l’ordre arriva qui appelait Ho-Tsin près du prince déjà mort. « Nommons d’abord un empereur, dès aujourd’hui, dit vivement Tsao-Tsao, et après nous songerons à exterminer ces bandits. — Et qui se joindra à nous dans cette difficile entreprise, demanda Ho-Tsin ? » Au même instant un officier proposa de forcer les portes du sérail avec cinq mille