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s’exprimait ainsi, c’était le général de l’infanterie Tchin-Tan ; il alla droit au prince lui demander quel crime avait commis le moniteur impérial.

« Son crime, reprit l’empereur, c’est d’avoir calomnié les officiers de mon palais, d’avoir parlé avec fierté et insolence devant le trône. — Sire, dit à son tour Tchin-Tan, tout le peuple a faim de la chair de ces dix courtisans, et vous leur témoignez un respect, un amour filial ! Cela est-il juste ? Ces vils eunuques sans talents ni mérites, vous les nommez princes ! L’un d’eux, d’ailleurs, n’avait-il pas eu des intrigues avec les rebelles ? ils aiment à voir des séditions dans l’empire ; prenez-y garde, la dynastie des Han s’écroule ! — Le crime de celui que vous accusez, de ce Fong-Su, n’a pas été clairement prouvé, reprit Ling-Ty, et sur le nombre n’y a-t-il pas de fidèles serviteurs ! »

Frappant la terre de son front, Tchin-Tan continuait ses remontrances, mais l’empereur irrité le fit jeter en prison avec Liéou-Tao. Les courtisans prirent leurs mesures pour les faire mourir cette même nuit.

L’eunuque Tchao-Tchong (devenu ministre de la guerre) envoya à Sun-Kien le grade de gouverneur militaire de Tchang-Cha avec l’ordre de châtier Ngéou-Sing, qui avait levé l’étendard de la révolte dans cette contrée. En moins de deux mois tout le Kiang-Hia étant pacifié, Sun-Kien fut nommé prince de Ou-Tching ; l’ancien gouverneur de Su-Yen, Liéou-Yen, vice-roi de Y-Tchéou, pour qu’il battît les rebelles du Sé-Tchéou. De son côté, Liéou-Yu, devenu vice-roi de Yeou-Tchéou, leva des troupes dans le Yu-Yang pour apaiser la révolte de Tchang-Kiu qui avait pris le titre d’empereur ; c’était un homme violent qui menait ses soldats à coups de fouet. Un complot fut formé dans sa tente par cinquante d’entre les siens ; les conjurés l’ayant assassiné, coupèrent sa tête et la portèrent au camp impérial. Le reste des insurgés fit sa soumission. Tchang-Chun, frère de l’usurpateur, se pendit, et les troubles cessèrent dans toute la contrée.

Liéou-Yen, à peine arrivé dans le Se-Tchouen, vit les