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race la coutume, qu’ils ont conservée, de pleurer longtemps leurs morts ; dans les premiers siècles, les hommes n’étaient pas habitués encore à voir la vie s’éteindre autour d’eux. Le successeur présumé de Yu s’étant éloigné du trône, le fils du monarque défunt fut reconnu roi par les grands ; le principe de l’hérédité se trouvait consacré pour jamais. Alors commença la dynastie des Hia, qui devait s’éteindre dans son dix-septième représentant, sans avoir beaucoup contribué au bonheur et à l’agrandissement des peuples qu’elle gouvernait. Les princes de cette dynastie ne tardèrent pas à se montrer peu jaloux d’une autorité qu’ils recevaient avec la naissance, et à abuser d’un pouvoir dont ils oubliaient l’origine. Il y eut donc des rois fainéants, puis une usurpation de quarante années, suivie du rétablissement des lois anciennes. Quelques règnes glorieux se succédèrent, pendant lesquels la Chine assura sa prépondérance sur les royaumes voisins ; mais la race des Hia, décidément abâtardie, produisit enfin un tyran insensé, dont le peuple secoua le joug en appelant à son secours le petit souverain de la principauté de Chang. Celui-ci monta sur le trône à l’âge de quatre-vingt-sept ans et mourut centenaire. La cour avait déjà son luxe, son cérémonial, ses pompes et ses plaisirs, bien que la capitale ne fût pas encore fixée.

Les premiers règnes de la seconde dynastie (celle des Chang) annonçaient une ère de rajeunissement et de prospérité future. La Chine put reprendre des forces pour résister aux guerres intestines et aux attaques des barbares qui envahissaient la frontière méridionale. Affaiblie au milieu de sa durée par les révoltes des grands