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JULIEN.

Tu me dégoûtes encore plus ! En a-t-il du culot, celui-là ! Je vais me plaindre à ton singe qui t’enverra ton congé à travers le blair !

EUGÈNE, lui serrant la main.

Ah ! vous parlez français, merci ! merci ! Ça fait plaisir d’entendre sa langue maternelle ! Répétez un peu : J’ai du culot ! J’ai du culot ! À travers le blair ! Ah ! puisque enfin je retrouve un compatriote, je vais lui demander un service, un grand service. Figurez-vous que je sais très peu l’anglais. Je ne sais que l’espagnol, l’italien, le turc, le russe et le javanais.

JULIEN.

Vous savez l’espagnol ?… Que hora son ?

EUGÈNE.

Ne nous égarons pas !… Je vous disais donc…

JULIEN.

Je vous ai posé une question : Que hora son ? Répondez à ma question.

EUGÈNE.

Vous tenez à une réponse immédiate ? Je demande à réfléchir.

JULIEN.

Vous avez besoin de réfléchir pour me dire l’heure qu’il est ?

EUGÈNE, se rassurant.

Il est onze heures et demie… Écoutez… Vous allez me rendre un service. Il s’agit de parler à un Anglais qui est ici. Il parle un anglais que je ne comprends pas. Je ne sais pas du tout ce qu’il me veut.

JULIEN.

Où est-il, cet Anglais ?