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ALAIN, abasourdi.

Vous… Vous… Vous avez besoin de cinq cents louis ?

LA BARONNE.

Hé oui ! cette semaine, le poker…

ALAIN.

Vous avez besoin de cinq cents louis ?

LA BARONNE.

Hé oui ! mon pauvre ami !

ALAIN.

Comme ça se trouve ! Moi aussi, j’ai besoin de cinq cents louis ! Et le plus fort, c’est que j’allais vous les demander.

LA BARONNE.

Comment ? Vous, vous avez besoin de cinq cents louis ?

ALAIN.

J’ai une traite à payer à cinq heures. Voilà trois jours que je vis dans des soucis terribles. Et ma femme et moi, quand vous êtes venue tout à l’heure, nous avons été vingt fois sur le point de vous demander ces dix mille francs, et nous n’avons pas osé ! Ah ! si nous avions su que vous ne les aviez pas, nous aurions eu plus de courage !

LA BARONNE.

Je n’en reviens pas. Comment, vous, Alain Lambert, qui avez un père riche, vous qui n’êtes pas joueur, vous avez besoin de cinq cents louis ?

ALAIN.

Hé oui ! Nous avons tous les deux besoin de cinq cents louis, au même moment !