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ALAIN, s’animant.

J’ai réfléchi là-dessus, et je me suis dit, après réflexion, qu’une telle indiscrétion pouvait se pardonner entre deux amis récents, si les deux personnes en présence avaient appris assez à se connaître et à s’estimer.

LA BARONNE.

Mais oui, mais oui. Serait-ce une chose si terrible, si répréhensible, si l’une d’elles, dans un moment d’embarras, venait trouver l’autre avec hardiesse et confiance, et lui disait, sans la crainte puérile de voir sa démarche mal interprétée : Voici. Je suis dans un grand embarras. Vous pouvez m’en tirer…

ALAIN.

Je viens à vous par sympathie…

LA BARONNE.

Par une vive sympathie naturelle…

ALAIN.

Et loyalement, cordialement…

LA BARONNE.

Je viens vous demander la somme dont j’ai besoin !

ALAIN, transporté.

Ah ! que je suis heureux de vous voir dans ces idées-là ! Si vous saviez ! Mais vous savez, n’est-ce pas, combien vos paroles me font du bien ?

LA BARONNE.

Je sais que vous êtes un ami. Aussi vous dis-je sans façon : Mon ami Lambert, j’ai des ennuis en ce moment. Pouvez-vous me prêter cinq cents louis ?