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LA BARONNE.

Je précise. Monsieur Lambert, que pensez-vous des amis indiscrets ?

ALAIN, hésitant.

Et vous, madame ?

LA BARONNE.

Que pensez-vous des gens qui, brusquement, sans crier gare, viennent changer des rapports amicaux en relations d’affaires ?

ALAIN, hésitant.

Et vous, madame, que pensez-vous de ces gens-là ?

LA BARONNE.

Voulez-vous ma pensée très franche là-dessus ? Mon avis, à moi, est que la personne toute désignée pour recevoir ces confidences et vous venir en aide, c’est précisément un ami.

ALAIN.

C’est ce que je me disais il n’y a pas longtemps. C’est devant un ami, à ce qu’il me semble du moins, qu’on doit déposer toute espèce d’orgueil, et la sotte pudeur des embarras d’argent.

LA BARONNE.

Tenez, c’est curieux ! C’est ce que je me disais, il n’y a pas un quart d’heure.

ALAIN.

Oui, oui. Mais si l’on peut admettre cette confiance réciproque, entre deux amis de vieille date, en est-il de même, s’il s’agit de deux amis… récents, qui n’ont pas eu le temps de s’éprouver mutuellement par une longue connaissance ?

LA BARONNE.

Oui, oui, c’est ce que je me demandais tout à l’heure !