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ALAIN, prenant le cigare.

Merci. (Il le met dans sa poche de côté.) Je le fumerai dès ce soir.

OMER, tendant son porte-cigares.

Il m’en reste encore un autre. Si, si ! Prends-le. Tu me rendras service. Je le fumerais et je m’irriterais la gorge.

Alain prend le cigare.
OMER, tirant sa montre.

Je vous demande pardon si je regarde l’heure. Oh ! Oh ! il est quatre heures… et moi qui dois être rue du Louvre à quatre heures un quart, pour une affaire importante. (Dégoûté.) Oh ! une affaire qui me donne plus de tintouin que de profit. (Avec un soupir.) Ah ! ça ne va pas toujours comme on voudrait ! Au revoir, au revoir, les enfants ! Portez-vous bien, n’est-ce pas ? Au revoir !…


Scène XV

ALAIN, FRANCINE.
ALAIN.

Eh bien ! qu’en dis-tu ?

FRANCINE.

Je dis que c’est un vilain individu. Il a de l’argent tant qu’il en veut. Nous rasait-il assez avec ses affaires merveilleuses !

ALAIN, songeur.

Es-tu sûre qu’il ait de l’argent ? Il est très rare que les gens qui font tant d’affaires aient de l’argent. S’ils en avaient, ils seraient plus méfiants, plus craintifs, et ne feraient pas d’affaires.