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monsieur ? Ce n’est vraiment pas une visite que je vous fais aujourd’hui. Je suis attendue à un rendez-vous pressant. Mais, en passant devant chez vous, j’ai eu vraiment un remords d’être restée si longtemps sans vous voir. Alors je me suis dit : Entrons dire bonjour à mes amis Lambert.

ALAIN, à part.

A-t-elle une bonne figure !

FRANCINE.

Vous êtes toujours bien occupée !… Avec vos œuvres de charité…

LA BARONNE.

Quelle meilleure distraction voulez-vous que j’aie ?

ALAIN, à part.

A-t-elle une bonne figure ! (Douloureusement.) Ah !… Ah !… Je vais au moins la laisser souffler un peu.

LA BARONNE.

J’ai bien aussi ma petite partie de poker de temps en temps. Mais c’est mon vice. Je n’en parle pas.

ALAIN, à part.

Encore trois minutes, trois bonnes petites minutes, de répit. (Haut.) Et ces œuvres de bienfaisance ? En êtes-vous contente ?

LA BARONNE.

Ah ! la misère est grande en ce moment.

FRANCINE.

La misère est terrible !

ALAIN.

Oui. La misère est terrible. (Il va pour parler à la baronne. Se ravisant. À part.) Non, tout à l’heure.