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ties. Si j’avais des garanties, je n’aurais pas besoin d’elle. (Haut.) Mais l’autre ami de l’autre ami, pas celui qui va venir de sa campagne, celui dont vous venez de me parler en dernier lieu, est-il à Paris, celui-là ?

MADAME CAVIAR, mystérieusement.

Il est à Paris.

ALAIN.

Peut-il faire l’affaire tout de suite ?

MADAME CAVIAR.

Tout de suite… C’est-à-dire dans quatre ou cinq jours. Il faut qu’il prenne des renseignements. Il faut qu’il réalise des fonds.

ALAIN.

Écoutez un peu, madame Caviar. Écoutez-moi bien. Il me faut de l’argent pour cinq heures. Un créancier doit venir chercher ici, à cinq heures, dix mille francs.

MADAME CAVIAR.

Comment s’appelle-t-il, ce créancier ? Si j’allais lui demander, à lui-même, de vous prêter les fonds à gros intérêts, par mon entremise, sans que vous le sachiez, soi-disant.

ALAIN.

C’est inutile. Il ne fait pas d’affaires de ce genre. Je vous répète qu’il me faut de l’argent pour cinq heures. Il me faut dix mille francs. Et je n’ai chez moi que… que quelques centaines de francs. (À Francine.) Je n’ose jamais me montrer aussi pauvre que je suis. (Haut.) Remuez votre cervelle. Pouvez-vous, à n’importe quel prix, m’avoir dix mille francs pour cinq heures ?

MADAME CAVIAR.

Pour cinq heures ? Vous n’y pensez pas ! (Réfléchissant.) Si le monsieur dont je vous ai parlé tout à l’heure, en