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jours ! Vous entendez ? Vous dites vous-même que je dois le rendre dans trois jours ! Pourquoi voulez-vous que j’aille déranger un ami, quand, vous et moi, nous sommes en compte ?

RONCHAUD.

Permettez. Moi, je n’ai plus confiance en vous. Vous m’avez fait tant de promesses, que vous n’avez jamais tenues ! Je vous ai dit la dernière fois que je viendrais toucher l’argent ici, sans rémission. Je viens aujourd’hui, à la date fixée. Si je n’ai pas les fonds à cinq heures, je remettrai le billet immédiatement à l’huissier.

ALAIN, avec dignité.

Il suffit, monsieur ; je m’arrangerai en conséquence.

RONCHAUD.

Et vous ferez bien.

ALAIN, changeant de ton.

Voyons, monsieur Ronchaud… Vous voyez l’embarras où vous me mettez. Vous n’avez pas besoin de ces dix mille francs. Non, vous n’en avez pas besoin. Et, pour moi une telle affaire a une importance capitale. Vous avez ma vie entre vos mains.

RONCHAUD.

Mais, cher monsieur, vous m’avez dit tout cela le 15 janvier dernier, et vous me l’avez répété le 30 du même mois. J’ai eu le temps d’y réfléchir. J’ai assez fait pour vous. Si vraiment vous avez l’argent, vous trouverez facilement un prêteur pour trois jours. Quand on n’a pas d’argent pour rembourser, que diable ! on ne fait pas de dettes.

ALAIN, se montant.

Ah ! dites donc ! Je n’ai que faire de vos conseils, ni de vos insultes !